
Vit et travaille dans les Alpes-Maritimes
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Sous une forme simple d’apparence,
les sculptures de Bernard Abril traduisent dans leurs conceptions l’étonnante
virtuosité de l’artiste dans le champ de ses savoirs-faire.
Elles possèdent ce langage énigmatique des anciennes écritures,
celui des paroles muettes qui oblige l’oreille à l’écoute
des vents et des silences. Elles poétisent l’espace de l’agitation
de leur murmure. Elles disent à qui veut l’entendre le bruit
sourd et profond de nos plus intimes questionnements, elles accompagnent
la fragilité de nos sentiments et de nos émotions, elles
dissipent la lourdeur de nos doutes sans l’ombre d’un détergent.
Elles nous sauvent de nous-mêmes dans leur cadrage respiratoire.
Elles ont cette heureuse capacité de nous transporter dans un
ailleurs serein et secret. Refuges sans frontière, elles nous
habitent d’une pensée sauvage. Elles possèdent cette «physicalité» que
nomme Penone à propos de ses oeuvres. Elles s’esquivent
de leurs rapports éphémères à la notion de
nature ou de paysage. Elles sont d’un autre monde, d’une
autre parole, d’une autre texture. Elles respirent l’intelligence
immémoriale de la main de l’Homme constructeur.
Branches assemblées par de judicieuses ligatures, Elles évoquent
les mécanismes archaïques des carrelets chinois de Fort-Cochin,
le frêle et plaintif chadouf des palmeraies, les planches jointes
des pinasses naviguant sur le Niger, les embarcations en roseaux des
Indiens des Andes, les habitations des marais de Bassora, mais aussi
la complexe et singulière architecture imaginée par Renzo
Piano du centre Jean-Marie Tibaou en Nouvelle-Calédonie dédié à la
culture Kanak.
Les sculptures de Bernard Abril traversent l’histoire de nos histoires
d’un pas savant et sûr. Pages d’écriture renouvelées
sur fond de ciel ouvert, elles nous apprennent à vivre en marge
de nos certitudes formatées. Un bonheur d’existence. Nécessaire.
Hector Nabucco
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