Gérard Hunot | Biographie |
Les Adrets de l'Estérel
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"Le fil conducteur de mon travail a toujours reposé sur le fait de combiner la maitrise technique avec l’acceptation d’un certain « laisser-faire de la matière ». A l’origine, dans les années 1980, j’ai privilégié un des supports traditionnels de la peinture : la toile. En « manipulant » celle-ci de diverses façons : détissage, décoloration, encollage, pénétration diversifiée de colorants naturels, j’acceptais que les résultats obtenus soient la rencontre entre les révélations textiles et le contrôle dans la progression du travail. Articulée sur la base d’une géométrie simple considérée comme module, la composition du motif s’effectue par la variation des rythmes graphiques et colorés, des intensités, des gestuelles, des matériaux, des matières… Aujourd’hui après longuement avoir travaillé sur le motif pour parfaire mon dessin, en gardant l’utilisation de techniques très variées, ma démarche consiste à nouveau à jouer avec les matières picturales ou graphiques et le rythme des contrastes de formes et de matières… Après la transformation structurée des textures d’origine, interviennent plusieurs démarches exploratoires suivies d’un travail d’exécution plus abouti, dans lequel le hasard et l’imprévu sont largement acceptés bien qu’intuitivement contrôlés. Même partiellement recouverte, la structure de base reste présente. Parfois, le hasard souligne des trames, des textures, crée des « effacements » des diffusions, des décollages etc. La manière dont la couleur est absorbée ou diffusée par la fibre génère des nuances de matières et des révélations particulières. Parfois même, des recouvrements de peinture, c'est à dire des sacrifices de ce qui a été peint, donnent à la fois des sons intérieurs sourds, en même temps qu'une simplification des surfaces. Soit la sonorité des couleurs/matières s'en trouve renforcée, soit les lignes et les contrastes se trouvent ainsi altérés. C‘est souvent cette perte partielle du contrôle qui impose de chercher des remèdes et par là-même de s’aventurer dans de nouvelles voies riches en découverte. Malgré ces incertitudes la rigoureuse ordonnance de la composition de base permet à l’image de sauvegarder son équilibre. Il me parait également important de souligner que la durée de chaque trait ou touche colorée (comme en musique la durée des notes et des silences) ainsi que l’alternance plein/vide permet l’exécution d’une matière vivante et dynamique dont les rythmes engendrent le tempo pictural. Dans ces recherches, les traces deviennent écritures de sensations, l’accumulation traduit la variation d’un module travaillé, disséqué, parfois presque dissous. L’image n’a plus peur d’être décorative. Les gestes, le support, la matière se moquent enfin du discours, des « écoles », Ils jouent de leur intensité, ils s’articulent de variation en variation, pour le plaisir du jeu, pour cette jubilation de le prolonger en une écriture, une image… " Gérard Hunot |
Expositions | ||
2015 |